LA MAIN, LE PIED, L’OEIL

Homélie pour le 26e dimanche du temps Ordinaire / 26 septembre 2021

 

Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. »  (Mc 9, 45.47-48)

Il peut y avoir de quoi être choqué par ces paroles du Christ qui nous demande de couper de trancher. Mais il ne s’agit pas de mutilation. Ce qui nous est demandé c’est de rompre avec des comportements peu évangéliques.

La main… faite pour recevoir les dons de Dieu et les partager. La main avec laquelle il est question de rompre est celle qui accumule au détriment des autres. C’est la main qui n’hésite pas à frapper pour en avoir encore plus, soif effrénée de richesse au détriment des pauvres.

Le pied… indépendance et autonomie, le pied nous permet d’aller et venir. Tout l’évangile nous appelle à marcher à la suite du Christ, il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Avec le pied nous allons à la rencontre de l’autre, aux périphéries de nous-mêmes et de la société. C’est par lui que nous allons au Père. Mais c’est aussi avec lui que l’homme peut emprunter des chemins de traverse, nous éloigner des autres, de soi, de Dieu.

L’œil… mal regarder, mal voir, ne voir que les défauts, ne voir que soi-même et son intérêt au lieu du pauvre Lazare au pied de la porte.

 

Vous autres, maintenant, les riches ! Pleurez, lamentez-vous sur les malheurs qui vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille sera un témoignage contre vous, elle dévorera votre chair comme un feu. (Lettre de St Jacques Jc 5, 1-6)

L’apôtre Jacques à la même posture. Ses paroles sont rudes, il s’adresse à ceux qui accumulent, à ceux qui n’ont pas des rapports justes et les appelle sortir de comportement qui ne sont pas de l’évangile.

Ce qui fait la valeur d’une vie, c’est l’amour. Cet amour que nous sommes toujours appelés à vivre, à toute étape de notre vie. Au-delà du sentiment et de l’affection, l’amour est don de soi, attention à l’autre, engagement sans retour, cet amour trouve sa source en Dieu, qui est amour.

« Regarde avec tes yeux et vois avec mes yeux » nous dit le Christ

Cet amour de Dieu, total et sans limite, explique la radicalité de l’évangile. Ce n’est pas un amour réservé à quelques-uns, élus, athlètes spirituels, à 70 anciens – comme nous le narre le livre des nombres. Non, l’Esprit de Dieu est donné à TOUS. Tous nous pouvons vivre de cet amour, qui est de dieu et ainsi partager sa vie même. Et pour cela : quitter l’homme ancien, revêtir les habits de serviteur.

L’amour de Dieu pour chacun est un feu violent qui purifie et libère, qui ouvre à la liberté et à la vie, qui ouvre aux autres, qui permet d’être des femmes et des hommes debout. La radicalité de l’évangile de ce dimanche, celle de jacques, celle de l’Esprit de Dieu sont là pour nous embraser du feu de Dieu, du feu de l’amour et de la vie. Nous sommes appelés à être les témoins de cet amour.

Amen.