EGLISE VERTE – PRESENTATION DE LAUDATO SI

« Laudato si’, mi’ Signore ! », chante saint François d’Assise au début de son Cantique des créatures. « Loué sois-tu mon Seigneur !… » (voir n° 87). Le pape François a fait de ce cri le titre d’une Lettre encyclique sur l’écologie, qu’il dit être « la sauvegarde de la maison commune » (13-14).

 

RESUME DE LAUDATO SI

Dès son introduction [1-16], il se réfère à son saint Patron (10-12) pour nommer la planète Terre « notre sœur » et « notre mère », avec tout ce que cela suppose de liens et  d’affection (1 et 2), et il rappelle quelques jalons déjà posés par ses prédécesseurs et par le Patriarche Bartholomée (6-9). Puis il lance le défi et l’appel à sauvegarder l’ensemble de la Création, parce que « nous sommes profondément liés à la Nature et à l’ensemble des êtres vivants »(13-14).
Après avoir ajouté que la foi apporte à ce domaine « de nouvelles motivations et de nouvelles exigences » (17, puis 61), le Pape développe sa réflexion en 246 points, composant 6 chapitres :

Ce qui se passe dans notre maison [17-61]

Brossant une belle leçon d’écologie sur la pollution (20-21), le climat (23-25), l’eau (27-31), la biodiversité (32-42), François aborde ici les problèmes résultant de la dégradation de son environnement pour l’être humain, aux niveaux personnel, social et mondial (43-46). Il émaille son propos de quelques formules fortes : par exemple, il met en parallèle le constat que « la terre  devient moins riche et moins belle » (34) avec le fait que « nous pouvons être témoins de bien graves injustices » (36 ) et il ose comparer les exclus à des choses mises aux ordures, parlant d’une « culture du déchet » (22) qui affecte tout autant les personnes que les biens de consommation !

L’Evangile de la création [62-100]

C’est à dessein que le Pape associe ces deux mots : la Création est porteuse d’une Bonne Nouvelle, adressée à toutes les personnes de bonne volonté et qui devrait permettre à la science et aux religions « d’entrer dans un dialogue intense et fécond » (62). Oui, affirme-t-il, une synthèse est possible entre foi et raison (63).
Son analyse écologique est puissante et novatrice. Elle s’appuie sur ces trois relations, intimement liées, de l’être humain avec Dieu, avec le prochain et avec la terre (66 / 91) puisque l’amour de Dieu est la raison d’être de la création (77). La protection de la nature doit donc aller de pair avec celle des êtres humains (64 / 79) et la destination universelle des biens (93) – y compris celui de l’environnement (95) – doit répondre à l’égale dignité des riches et des pauvres (94).
Au centre de la création, nous sommes les hôtes du Créateur (67-68) et il compte sur notre coopération (80 / 82 / 117) dans « la continuation de l’oeuvre créatrice » (Thomas d’ Aquin / 86). C’est ce que célèbre toute la Bible, de la Genèse jusqu’à Jésus (68-69 / 96-98) lui qui « oriente les créatures vers un destin de plénitude » (100).

La racine humaine de la crise écologique [101-136]

Le Pape rappelle le formidable acquis scientifique et technologique de l’humanité depuis deux siècles et il cite Jean-Paul II : « La science et la technique sont un produit merveilleux de la créativité humaine, ce don de Dieu » (102). Mais, constate-t-il, l’homme est « nu » parce qu’il manque tout à la fois d’éthique, de culture et de spiritualité (105) pour éviter les dérives (106 / 108). Alors s’installe un pouvoir technocratique prétendant – souvent sans le dire – dominer l’existence humaine (109).
François appelle donc « à élargir le regard et la liberté humaine » (112) pour éviter un « anthropocentrisme dévié » (115 / 118-119) donnant finalement naissance à tout un style de vie dévié (122-123). Il revient en particulier sur la défense des êtres les plus faibles – au premier rang desquels l’embryon humain lui-même (117 / 120) – et sur la valeur du travail qui devrait toujours assurer aux humains une vie digne (124-125/128).

Une écologie intégrale [137-162]

Le Pape plaide et argumente pour une nouvelle et originale approche de l’écologie (138) qui ne se cantonne pas aux relations de l’être humain avec son environnement (139), mais concerne aussi le développement économique (141 / 144), les relations sociales (142), les valeurs culturelles (143) et, finalement, la qualité de sa vie quotidienne (147 / 153-154) aussi bien dans les lieux publics que dans son habitat (151-152).
Il reprend et développe ensuite un thème cher à Jean-Paul II et qu’il a déjà mentionné (5). Il s’agit « des conditions morales d’une écologie humaine authentique ». Une écologie « de l’homme » (Benoît XVI) capable de prendre en compte aussi bien le respect de la Loi naturelle dans  un rapport valorisant entre les sexes (155) que la transmission du bien commun d’une génération à l’autre (159-160) dans un environnement protégé (159-160).

Quelques lignes d’orientation et d’action [163-201]

« Comment sortir de la spirale d’autodestruction dans laquelle nous nous enfonçons ? », interroge avec force François (163/164). Il souligne alors les efforts du Mouvement écologique mondial  (166) et des Conférences internationales (167-168) pour répondre à cette angoissante question, mais c’est pour faire un constat d’échec (169) en pointant spécialement « la myopie de la logique à court terme du pouvoir des Etats » (178).
Comme au début (6-9), il situe son propos dans le droit fil de l’Enseignement social de l’Eglise (175). Il appelle vigoureusement  « à faire dialoguer la politique et l’économie pour la plénitude humaine » (191-192), sans laisser dominer les intérêts technocratiques et financiers  (190 /194). Et il souligne à nouveau l’apport moral des religions à la réflexion qui doit être menée (199).

Education et spiritualité écologiques [202-246]

Abordant la dernière partie de son Encyclique, le Pape s’écrie : « L’humanité a besoin de changer ! » (202). Sans doute sommes-nous ici au cœur de son message : que se développe un triple mouvement d’éducation (210-213), de conversion (218-221) et « d’amour civil et politique » (231). Aussi propose-t-il la contribution de la spiritualité chrétienne à cette tentative de renouveler l’humanité (216) en y apportant ces deux vertus que sont la sobriété et l’humilité (222-224).
Pour nous, chrétiens et catholiques, il montre l’implication écologique des sacrements, (235) spécialement l’eucharistie (236-237) et il unit, dans une sorte d’action de grâce des créatures, la Trinité (238-240) Marie (241) et Joseph (242) avant de conclure « cette longue réflexion à la fois joyeuse et dramatique » par deux prières, l’une proposée aux croyants au Dieu Unique, l’autre aux disciples du Christ (246).

 

 

COMMENT LIRE LAUDATO SI

 

L’enjeu universel de l’encyclique

L’encyclique Laudato Si’ a ceci de particulier qu’elle s’adresse directement à tous les humains. Les destinataires sont désignés clairement dès le début : « face à la détérioration globale de l’environnement, je voudrais m’adresser à chaque personne qui habite cette planète. » (n° 3)

Ce n’est cependant pas la première fois qu’un document pontifical prétend s’adresser à tous les hommes. Chaque fois qu’un problème crucial pour l’humanité se trouve posé, les papes ont souhaité dépasser la seule limite de la communauté des fidèles catholiques pour universaliser le cercle de leurs auditeurs.

Laudato Si’ rejoint ainsi la série de grandes encycliques qui ont voulu porter un message universel sur une question pour le devenir de l’humanité. Ce fut le cas, entre autres, de l’encyclique Rerum novarum (15 mai 1891) considérée souvent comme l’acte de naissance de la Doctrine sociale. Dans une période de révolution industrielle, le pape Léon XIII se montre sensible à l’émergence d’une classe sociale laborieuse. Inquiet de la montée d’une idéologie qui promeut une lutte des classes et menace l’harmonie et l’unité de la société, il en appelle à la justice sociale en faveur des ouvriers. Nous pouvons aussi mentionner l’encyclique Pacem in terris (11 avril 1963) du pape Jean XXIII qui était adressée explicitement « aux fidèles de l’univers … ainsi qu’à tous les hommes de bonne volonté ». Après deux guerres mondiales, en pleine période de la guerre froide et de la crainte d’un conflit nucléaire, le pape invite à discerner les signes des temps qui deviennent indicatifs d’un chemin de l’humanité vers une paix durable. Quelques années plus tard, alors que les processus de décolonisation ont opéré, le pape Paul VI publie l’encyclique Populorum progressio (26 mars 1967) qui retentit comme un véritable plaidoyer pour le développement des peuples. Le développement, écrit-il, est le nouveau nom de la paix. Il poursuit : « Le développement des peuples, tout particulièrement de ceux qui s’efforcent d’échapper à la faim, a la misère, aux maladies endémiques, à l’ignorance ; qui cherchent une participation plus large aux fruits de la civilisation, une mise en valeur plus active de leurs qualités humaines ; qui s’orientent avec décision vers leur plein épanouissement, est considéré avec attention par l’Eglise. Au lendemain du deuxième Concile œcuménique du Vatican, une prise de conscience renouvelée des exigences du message évangélique lui fait un devoir de se mettre au service des hommes pour les aider à saisir toutes les dimensions de ce grave problème et pour les convaincre de l’urgence d’une action solidaire en ce tournant décisif de l’histoire de l’humanité ». Le pape Benoît XVI le fera aussi avec son encyclique Caritas in veritate (29 juin 2009), en pleine période de crise économique et financière mondiale. Il reprend les enseignements de Populorum progressio qu’il actualise dans un message fort « à tous les hommes de bonne volonté sur le développement humain intégral dans la charité et dans la vérité ». Il prolonge l’enseignement social de ses prédécesseurs en affirmant que « la charité est la voie maîtresse de la doctrine sociale de l’Église ».

La visée universelle des destinataires de l’encyclique est indicative de la gravité et même de l’urgence de la question abordée, non seulement pour les chrétiens mais pour l’humanité entière. Dans le cas de l’encyclique Laudato Si’, nous percevons l’importance que revêt aux yeux du pape François la situation de l’humanité affectée d’une crise écologique et sociale mondiale qui met gravement en cause l’avenir de « notre maison commune ». Même si ses prédécesseurs ont déjà parlé d’écologie, il est le premier à consacrer une encyclique entière à ce thème.

Pour renforcer le caractère universel du message, le pape évoque dès le début de sa réflexion, le cantique de la création de saint François d’Assise. Ce saint, à la charnière des XIIème – XIIIème siècles, « est aimé aussi par beaucoup de personnes qui ne sont pas chrétiennes » (n°10). Il est « l’exemple par excellence de la protection de ce qui est faible et d’une écologie intégrale vécue avec joie et authenticité » (n°10). Le pape discerne dans la figure et l’oeuvre du saint d’Assise, le souci d’articuler de façon inséparable « la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure ». La visée essentielle du message de l’encyclique que le pape François entend porter auprès de tous les hommes apparaît ici : « L’environnement est un bien collectif, patrimoine de toute l’humanité, sous la responsabilité de tous » (n° 95).

Dans sa réflexion, le pape François cherche aussi à prendre en compte les résultats des recherches et des études scientifiques. Cependant, il n’entend pas trancher en ces domaines. Il se place résolument sur le terrain de l’éthique et du spirituel. « L’Eglise n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques ni de se substituer à la politique, mais j’invite à un débat honnête et transparent, pour que les besoins particuliers ou les idéologies n’affectent pas le bien commun. » (n° 188) Celui-ci a besoin aujourd’hui que « la politique et l’économie, en dialogue, se mettent résolument au service de la vie, spécialement la vie humaine. » (n° 189) Pour le pape François, il y a urgence car « les gens ne semblent plus croire à un avenir heureux, ils ne mettent pas aveuglément leur confiance dans un lendemain meilleur à partir des conditions actuelles du monde et des capacités techniques. » (n°113)

Il est donc nécessaire d’élargir le regard pour se convaincre que « la liberté humaine est capable de limiter la technique, de l’orienter, comme de la mettre au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral » (n°112). Le pape François ne se laisse pas entraîner dans une attitude résignée et catastrophiste. C’est un message de confiance, de responsabilisation et d’espérance qu’il veut porter à l’humanité : « l’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune » (n° 12)

En s’adressant à tous les hommes, le pape François veut les aider à aller plus loin que les seules préoccupations de l’écologie environnementale. Il ne la sous-estime pas, mais il veut la resituer dans une écologie intégrale qui va au bout des questions qui se posent à l’humanité entière. Il précise : « Quand nous nous interrogeons sur le monde que nous voulons laisser, nous parlons surtout de son orientation générale, de son sens, de ses valeurs. Si cette question de fond n’est pas prise en compte, je ne crois pas que nos préoccupations écologiques puissent obtenir des effets significatifs » (n° 160). A plusieurs reprises, il souligne les limites d’une action qui ne serait que politique, économique ou technique. Il en appelle à une mobilisation et à une démarche éthique : « Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous. » (n° 14)

L’enjeu ecclésial de l’encyclique

Nous ne pouvons pas dire que les préoccupations écologiques travaillent la majorité des chrétiens. Aux catholiques aussi, le pape François redit l’urgence de s’intéresser à ces questions et de se laisser guider sur un chemin de conversion. Pour le pape, les questions d’environnement, de développement et de solidarité avec les plus pauvres, ne sont pas périphériques pour la foi. La façon dont les chrétiens habitent leur environnement participe de leur relation à Dieu et forme le contenu de leur réponse au Dieu créateur qui leur confie le soin de sa création appelée à devenir la maison commune de toute l’humanité.

« Si le seul fait d’être humain pousse les personnes à prendre soin de l’environnement dont elles font partie, « les chrétiens, notamment, savent que leurs devoirs à l’intérieur de la création et leurs devoirs à l’égard de la nature et du Créateur font partie intégrante de leur foi ». Donc, c’est un bien pour l’humanité et pour le monde que nous, les croyants, nous reconnaissions mieux les engagements écologiques qui jail¬lissent de nos convictions. » (n° 64)

Le pape François avait déjà insisté pour que la foi au Christ ne soit pas cantonnée dans l’intime. « Les enseignements de l’Église sur les situations contingentes sont sujets à d’importants ou de nouveaux développements et peuvent être l’objet de discussion, mais nous ne pouvons éviter d’être concrets pour que les grands principes sociaux ne restent pas de simples indications générales qui n’interpellent personne. Il faut en tirer les conséquences pratiques afin qu’ils puissent aussi avoir une incidence efficace sur les situations contemporaines complexes… La conversion chrétienne exige de reconsidérer « spécialement tout ce qui concerne l’ordre social et la réalisation du bien commun … En conséquence, personne ne peut exiger de nous que nous reléguions la religion dans la secrète intimité des personnes, sans aucune influence sur la vie sociale et nationale, sans se préoccuper de la santé des institutions de la société civile, sans s’exprimer sur les événements qui intéressent les citoyens. » (Evangelii gaudium, n° 182-183).

Le pape François ne se contente pas de mettre une touche verte à son enseignement. Il encourage les chrétiens à prendre au sérieux une approche holistique de l’écologie. « Étant donné que tout est intimement lié, et que les problèmes actuels requièrent un regard qui tienne compte de tous les aspects de la crise mondiale, je propose à présent que nous nous arrêtions pour penser aux diverses composantes d’une écologie intégrale, qui a clairement des dimensions humaines et sociales… Étant donné l’ampleur des changements, il n’est plus possible de trouver une réponse spécifique et indépendante à chaque partie du problème. Il est fondamental de chercher des solutions intégrales qui prennent en compte les interactions des systèmes naturels entre eux et avec les systèmes sociaux. Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature. » (n° 137-139)

Le pape François prône ainsi un élargissement de la foi, de l’espérance et de la charité dans les relations fondamentales de l’homme avec lui-même, avec les autres, avec Dieu et avec l’environnement. Le concept d’écologie intégrale lui permet de rassembler toutes les dimensions dans une seule démarche de conversion : « il faut donc une préoccupation pour l’environnement unie à un amour sincère envers les êtres humains et à un engagement constant pour les problèmes de la société. » (n° 91). Cette encyclique est un appel que le pape François lance aux chrétiens pour une dilatation de la charité à l’ensemble du créé, et pour vivre concrètement la dimension écologique de leur foi. « Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne » (n° 217). La charité se trouve redéployée aux dimensions de l’environnement humain. Pour les chrétiens, c’est un chemin de conversion écologique qui s’offre à eux. Ils doivent en devenir les messagers en tous lieux et auprès de tous les hommes.

Une démarche en réciprocité

L’encyclique adopte une démarche qui prend la forme d’un dialogue en réciprocité. Elle reconnait que la foi apporte une lumière précieuse pour une appréhension du monde comme don et création de Dieu, et pour la mobilisation de tous dans une prise en compte responsable de la crise socio-environnementale. Du message dont elle est porteuse, l’Eglise peut fournir aux homes des éléments d’une « citoyenneté écologique » (n° 211) et pour les chrétiens, des comportements et une spiritualité écologiques. « Je veux proposer aux chrétiens quelques lignes d’une spiritualité écologique qui trouvent leur origine dans des convictions de notre foi, car ce que nous enseigne l’Évangile a des conséquences sur notre façon de penser, de sentir et de vivre. Il ne s’agit pas de parler tant d’idées, mais surtout de motivations qui naissent de la spiritualité pour alimenter la passion de la préservation du monde. » (n°216)
Les tentatives humaines pour comprendre et gérer la crise socio-environnementale mondiale, dans les domaines politiques, économiques, sociaux, scientifiques et techniques, même si elles ne peuvent à elles seules résoudre les difficultés, peuvent éclairer la réflexion des chrétiens et de l’Eglise. La dernière partie de l’encyclique Laudato si est un appel à revisiter pour approfondir l’être et l’agir chrétiens et même le mystère chrétien (sacrements, Eucharistie, mystère trinitaire …)

Pour la question de l’écologie comme il l’a fait pour la démarche du Synode sur la famille, le pape François nous fait entrer dans un nouveau paradigme du dialogue et du rapport de l’Eglise au monde. Il nous engage dans une démarche de dialogue en situation, tenant des réalités humaines, des situations et des difficultés pour y faire entendre le message que l’Eglise doit porter aux hommes au nom de la vérité de l’Evangile. « Les réflexions théologiques ou philosophiques sur la situation de l’humanité et du monde, peuvent paraître un message répétitif et abstrait, si elles ne se présentent pas de nouveau à partir d’une confrontation avec le contexte actuel, en ce qu’il a d’inédit pour l’histoire de l’humanité. Voilà pourquoi avant de voir comment la foi apporte de nouvelles motivations et de nouvelles exigences face au monde dont nous faisons partie, je propose de nous arrêter brièvement pour considérer ce qui se passe dans notre maison commune. » (n° 17)

La conversion écologique peut faire passer l’humanité d’une culture de la concurrence et de la compétition à une culture de la collaboration et de la coopération. « Il faut reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde, que cela vaut la peine d’être bons et honnêtes. Depuis trop longtemps déjà, nous sommes dans la dégradation morale, en nous moquant de l’éthique, de la bonté, de la foi, de l’honnêteté. L’heure est arrivée de réaliser que cette joyeuse superficialité nous a peu servi. Cette destruction de tout fondement de la vie sociale finit par nous opposer les uns aux autres, chacun cherchant à préserver ses propres intérêts ; elle provoque l’émergence de nouvelles formes de violence et de cruauté, et empêche le développement d’une vraie culture de protection de l’environnement. » (n°229) Voilà le chantier que nous ouvre cette encyclique pour que nous devenions créatifs et ambitieux dans le service de l’avènement d’une humanité nouvelle, renouvelée par le Christ.