EGLISE SAINT-VINCENT DE PAUL
A Moulin, au début, il y avait les moulins. En 1850, le bruit du vent dans leurs ailes fit place au ronronnement puissant des métiers à filer. Les 56 moulins laissèrent la place à de grandes usines comme Wallaert, Le Blan et Fils, Paul Leblanc qui employèrent plusieurs milliers d’ouvriers. Prés de la moitié d’entre eux venaient de Belgique Flamande où à l’époque le travail faisait défaut. C’est ainsi que de 3000 habitants en 1835, Moulins passa à 27.000 en 1914.
En 1967, c’est le déclin. Les filatures ferment les unes après les autres et se trouvent réduites à l’état de friche industrielle. Il faut attendre 1975 pour qu’un grand projet de rénovation voit le jour. Ecoutons le Père Jean-Marie Leuwers qui a bien connu cette époque nous raconter la fin de l’ancienne église St Vincent et la naissance de la nouvelle.
« Dans ce grand ensemble que nous appelons aujourd’hui « La Filature » et qui représentait une partie de l’ancienne usine Paul Leblanc, une réhabilitation multifonctionnelle voit le jour. Un mélange de culture avec la Médiathèque, le théâtre du Prato, l’I.N.A., d’humain avec la construction de logements et de culte avec la nouvelle église St Vincent. »
C’est entre 1975 et 1980 que nait le projet de construction d’une nouvelle église. C’est que l’ancienne église St Vincent bâtie en 1841 sur la place Deliot, présente des signes inquiétants de vieillissement. Des travaux très importants doivent être réalisés rapidement. La ville de Lille propriétaire des bâtiments hésite devant les frais à engager. Elle propose donc à l’évêché d’implanter le nouveau lieu de culte dans les locaux de « La Filature » et plus particulièrement dans une grande salle du sous-sol.
C’est l’abbé Gros qui a suivi le travail des architectes parisiens Reichen et Robert. Il préconise la réutilisation de certaines parties de l’ancienne église : les portes de chêne des confessionnaux, le bandeau de l’autel, le socle de la statue de la Vierge, les anciennes stalles (aujourd’hui disposées au fond de l’église).
Le plafond bas de la nouvelle église rend la prière plus intime. La forme arrondie donnée à l’implantation des bancs augmente le sens de la communauté. « Qu’on soit 50 ou 200, nous dit le Père Jean-Marie, on se sent proches l’un de l’autre, réunis dans la même prière et les mêmes chants. Tout est centré sur le chœur. On est en famille, rassemblés autour de l’autel et cela correspond bien au quartier. »
St Vincent, c’est une église dans une usine, une église sans clocher. Une cheminée en tient lieu… Tout un symbole : l’Eglise se rend présente au monde du travail. Elle ne peut être absente de la vie économique et de ceux qui en sont les ouvriers.
En entrant dans l’église St Vincent, vous pourrez voir en bonne place la cloche de l’ancienne église, bénite en 1932 et portant une inscription très significative du clergé de cette époque: « Je sonne la guerre aux taudis et à la misère ouvrière. »
« N’oublions pas, ajoute le Père Leuwers, que c’est en 1926, à Moulins, que sont apparues les premières sections de la J.O.C. (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) »
St Vincent, une église dans une usine, plongée au milieu d’un quartier qui vit de son travail… une église présente dans le monde du travail.