CHAPELLE SAINT-JOSEPH
Brigitte T. est effondrée : elle regarde comme la vingtaine de badauds accourus, le spectacle de sa maison sans façade, où le téléviseur du premier étage semble attendre la personne qui voudra bien l’allumer. Le démolisseur l’avait prévenue au petit matin que le clocher était sur le point de s’effondrer.
Car c’est bien ainsi que se déroula cet événement qui mit fin à l’existence de l’église St Joseph, un certain mardi 28 février 1995. Ce qui frappait celui qui entrait dans cette église était l’immense fresque qui retraçait dans le chœur, la vie de Joseph, « le fils de David qui n’avait pas craint de prendre Marie pour épouse ».
Cette église avait été construite en 1928. A l’origine, se trouvait un premier édifice qui a été bâti dans les années 1870. Il devait son existence à l’Œuvre des Nouvelles Eglises, une société civile privée qui finança d’autres paroisses lilloises sous une république anticléricale. Compte tenu d’une forte croissance démographique locale, l’église est érigée en paroisse à la toute fin du XIXe siècle.
Agrandie dans les années 1920, l’église paroissiale Saint-Joseph s’est rapidement dégradée avec le temps. Elle n’avait que 67 ans ! L’humidité avait gagné la charpente et malgré la protection de Joseph, le charpentier, un champignon avait accompli son œuvre de destruction. L’évêché qui ne pouvait envisager une réfection totale de l’édifice, d’ailleurs en partie abandonné par les fidèles, décida de le démolir pour vendre le terrain nu à la S.L.E., une société d’HLM.
Wazemmes a perdu un clocher et un symbole. Une nouvelle résidence a remplacé cet édifice qui depuis la fin du XIXéme siècle était un lieu de pèlerinage réputé. C’est un peu du Wazemmes de jadis qui a disparu. Aujourd’hui, au pied des immeubles de la SLE, à l’angle de la rue des Meuniers et du Boulevard Victor Hugo.
Il reste aujourd’hui une chapelle toujours dédiée à St Joseph, blotti au pied d’une façade traditionnelle et impersonnelle, une chapelle qui nous rappelle que le Christ est toujours présent, discrètement et silencieusement, au sein de ce quartier.