CHANGER DE LOGIQUE

CHANGER DE LOGIQUE

Homélie pour le 6e dimanche du temps ordinaire, 16 février 2020

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : Je vous le dis : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens :
Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement.

Vous avez appris qu’il a été dit :Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! moi, je vous dis :Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.

Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout. Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’. Ce qui est en plus vient du Mauvais. (Mt 5, 20-22.27-28.33-37)

 

Dans l’Evangile de ce dimanche, Jésus dialogue avec ses disciples et par trois fois leur dit : «  Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… et bien moi je vous dit… ». Il les invite à passer du premier Testament au second, de l’ancien au nouveau Testament, il est appelle à changer de logique, à changer de disque dur, à changer de registre. A passer du registre de la Loi au registre de l’Amour.

Rappelons-nous ce passage de l’Evangile où Jésus s’adresse à ses disciple en leur disant : « Si vous aimez ceux qui vous aiment vous faites comme les autres (et rien de plus que les autres). Et bien moi je vous le dit : aimez vos ennemis, aimez ceux qui vous persécutent. »

Rappelons-nous encore cet autre passage de l’Evangile, où nous découvrons un père et ses deux fils. Le plus jeune dit à son père : « Père donne-moi la part d’héritage qui me revient », le père lui a donné sa part et le fils prit la porte… Combien de temps dura l’attente ? L’2vangile ne l’indique pas. Mais je suis sûr dans ma foi que le père, chaque matin dès le lever du soleil se tenait sur le pas de la porte, guettant l’horizon en espérant apercevoir son fils. Et la nuit tombante il rentrait dans la maison. Et tous les jours il refaisait le même scénario jusqu’au jour où son fils apparu à l’horizon, il courut à sa rencontre et vous connaissez la suite… Et le fils ainé qui était toujours avec le père lui demanda : « Moi je suis toujours avec toi et jamais tu m’as donné un veau gras pour faire la fête avec mes amis », et le père de lui répondre « tu n’as pas à me le demander, tout ce qui est à moi est à toi. » Le père appelle son fils ainé à passer lui aussi du registre de la loi au registre de l’amour.

« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens … et bien moi je vous dit… ». En ce dimanche nous sommes invités nous aussi à faire un pas de plus pour toujours passer de la logique de la loi à logique de l’amour.

Cet Evangile me fait penser à un petit billet écrit par le père Dominique Grenier, assomptionniste, qui a vécu quelques années à Lille, suite à l’Exhortation post-synodale Chistus Vibit, texte issu du Synode sur les jeunes. Le Pape François désigne les jeunes « comme une ressource pour aider l’Eglise à rester jeunes », quand certains veulent, je cite encore le Pape, « la faire vieillir, la scléroser dans le passé, la figer, l’immobiliser », préférant les schémas rigides et des réponses toutes faites à l’enthousiasme créatif et à la prise de risques. A l’inverse, d’autres voudraient qu’elle fasse preuve de modernité en se conformant aux moeurs ambiantes, n’assurant plus sa différence. Mais une Eglise jeune, pour le Pape François, c’est une Eglise qui se laisse renouveler par le message qui lui a été confié, et qui accepte d’être stimulée pour y rester fidèle. Des jeunes précieux parce qu’ils empêchent l’Eglise de « devenir un musée. »

« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens … et bien moi je vous dit… » Oui, passons de la logique de la loi à la logique de l’amour.

En ce jour nous prions le Seigneur en union avec tous les chrétiens : Dieu notre Père, nous te confions ton Eglise ici rassemblée. Que la Parole du Christ, dans ses exigences et sa bienveillance soit toujours notre nourriture.Amen.

Père Pierre Samain.

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