19 MARS FETE DE SAINT JOSEPH

Les cloches, pour faire sonner et résonner la prière

des croyants, et leur solidarité avec tous

 

Le Diocèse annonce que ce soir, jeudi 19 mars, jour de la Saint-Joseph, à 19 h 30, puis mercredi 25 mars, fête de l’Annonciation, à 19 h 30, puis les mercredis qui suivent, toujours à 19 h 30, et ce «  pendant tout le temps du confinement  », les cloches des églises et des temples sonneront pendant 10 minutes comme une invitation à la prière aux intentions que nous portons tous en ces jours.

A l’invitation des pasteurs et des responsables de l’Église catholique, de l’Église protestante unie et de l’Église anglicane de la Métropole, nous vivrons ce temps dans une communion de prière.
« A la Saint-Joseph, qui représente la figure paternelle de Jésus sur terre, mais aussi à l’Annonciation, qui célèbre l’annonce à Marie de la venue de Jésus fils de Dieu, toute l’Eglise est en fête. Pour le manifester, les cloches des églises sonneront, et comme un fil invisible nous relieront dans une prière commune.
Chrétiens de notre diocèse, je vous invite à cette union de prière, le cœur en fête, malgré les épreuves que nous vivons, et que pour tous, croyants et non croyants, cela puisse être un signe d’espérance.«
+ Laurent Ulrich, archevêque de Lille

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VIENS ESPRIT DE DIEU

 

Chers amis,

J’anime parfois les chants à l’église Saint Vincent de Paul, car j’habite rue de Douai.

À l’occasion de la fête de saint Joseph (mon saint patron), le 19 mars dernier, j’ai mis par écrit quelques observations sur les traces de sa pédagogie que je vois dans l’évangile de Jean.

J’envoie parfois des dessins humoristiques ou des blagues à l’un ou à l’autre, mais je me suis dit que ce serait dommage de ne pas envoyer aussi ces observations sur l’évangile qui m’ont demandé de faire le lien entre des évènements vécus à des dizaines d’années d’écart !

Amicalement,

Joseph

Dans la chapelle Sixtine, le doigt de Dieu touche celui d’Adam pour l’amener à la vie. » NON !

Lors de la visite de la chapelle Sixtine avec le diocèse de Saint-Denis (où je finis six ans de bénévolat) alors en pèlerinage pour le cinquantième anniversaire de sa création, j’ai demandé à note guide italienne ce que Michel Ange représente dans cette peinture. Elle m’a répondu : « La création de l’âme. Beaucoup de gens [dont moi aussi qui lui pose la question] croient que c’est la création de l’homme. Mais on voit bien que l’homme est déjà vivant ! Dieu donne à l’homme une âme. »

Par le bout des doigts remués, les idées viennent plus facilement : le peintre montre donc l’insuflation de l’âme par le bout des doigts.

Cela rejoint la longue tradition des savoirs des hommes de métiers manuels. Un de mes vieux professeurs de menuiserie disait à ses élèves, que lorsqu’il n’arrive pas à résoudre un problème, il va remuer les doigts dans le bac de copeaux et de sciures et cela lui donne des idées. Mon père serrurier et ses compagnons, face à un problème technique compliqué, s’asseyaient et roulaient une cigarette en remuant les doigts chacun dans son paquet ou sa blague à tabac, beaucoup plus longtemps que d’habitude, et une idée de solution venait à l’un d’eux.

Les hommes de métiers manuels savent, de longue date, que remuer le bout des doigts aide à penser. Et Michel-Ange est un homme de ces métiers manuels : il est peintre et aussi sculpteur (il a sculpté la Pietà, commandée et payée par le cardinal français Jean Bilhères de Lagraulas, abbé de la basilique Saint-Denis). D’où cette peinture dans la chapelle Sixtine pour présenter la « création de l’âme » par le bout des doigts.

Jésus aussi remue les doigts dans le sable

Jésus lui-même est confronté à une question piège quand on lui présente, au petit matin, dans le temple, une femme prise en flagrant délit d’adultère : « Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » (Jean 8, 5) Qu’il réponde « oui » ou « non », il est coincé. S’il répond « Oui », comme le dit la loi de Moïse, il ne se montre pas miséricordieux comme il l’enseigne, et de plus, cela faisait quatre cents ans qu’on ne lapidait plus les femmes dans de telles situations ! S’il répond « Non », il s’oppose à la Loi de Moïse.

Qu’il réponde « oui » ou « non », il est coincé. Alors, que répondre ?« Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. » (Jean 8, 6)

Ici, la traduction de la « Bible de Jérusalem » met une note d’explication en bas de page, la plus belle de cette traduction de la bible en plus de mille six cents pages et de cette édition de 1961 : « Le sens de ce geste reste obscur. » Les pères dominicains, traducteurs, connaisseurs éminents des langues et des civilisations anciennes, avouent très modestement ne pas comprendre « le sens de ce geste »… et ils osent le dire, l’écrire ! Or, pour réfléchir et pour trouver plus facilement une idée ou une réponse, Jésus fait comme son père Joseph le lui a enseigné (comme monsieur Bétremieux, mon vieux prof de menuiserie nous l’a enseigné, il y a cinquante-cinq ans), Jésus a besoin de remuer le bout des doigts dans des copeaux, mais ici, comme il n’a pas de copeaux, il se baisse et il remue les doigts dans le sable. « Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » (Jean 8, 7)

Confirmations contemporaines de cette pratique des doigts remués

Après la messe à l’aumônerie étudiante de l’université Lille 1, où ce texte de la « femme adultère » était lu, j’ai demandé à un participant, un jeune docteur en psychologie, comment il comprend ce geste de remuement des doigts de Jésus dans le sable. Il me répond : « Pour moi, c’est évident ! Ce geste de remuement des doigts n’a qu’une fonction, celle de stimuler la production de dopamine dans le cerveau, ce neuromédiateur indispensable au fonctionnement du cerveau. »

Ce passage de l’évangile de Jean [qui est absent de plusieurs premières copies de cet évangile] n’a qu’une fonction, après l’affirmation de Jésus comme Dieu (au chapitre 7 de Jean), c’est celle de montrer que Jésus est aussi un homme, comme tout le monde. Il a besoin de remuer les doigts dans les copeaux, dans le sable, pour trouver plus vite des solutions. Ces deux chapitres, 7 et 8, qui se suivent dans l’évangile de Jean nous disent à leur manière ce qui sera exprimé ensuite dans le Credo : « Jésus vrai Dieu et vrai homme ».

Lorsque j’avais face à moi un amphithéâtre d’étudiants à qui j’expliquais des éléments, des concepts un peu plus compliqués que ceux du début du cours, je voyais les étudiants se concentrer dans l’écoute et alors un, puis deux, puis plusieurs étudiants faisaient tournoyer leur stylo-bille au bout des doigts. Avant d’avoir eu l’explication de ce docteur en psychologie, après une messe, je trouvais que ces étudiants se distrayaient et qu’ils enlevaient aussi un peu de ma concentration par leurs mouvements. Ensuite, j’ai mieux compris pourquoi ces mouvements de stylo commencent lorsque j’explique des choses plus compliquées. Intuitivement, sans le savoir, ces étudiants par ces mouvements, stimulent leur production de dopamine ; le docteur en psychologie, à qui j’en ai parlé ensuite, a confirmé mon explication.

On voit ainsi que Jésus a appris de Joseph, son père charpentier, les astuces de métier, les manières de faire et de penser que les hommes de métiers manuels se transmettent. Et cela lui a été utile pour nous livrer un des messages de tolérance et de pardon les plus grands rapportés par les évangiles.

De plus, Jésus avait appris de longue date, par ses parents, sa conception hors du commun. On en a le témoignage lorsque, retrouvé au temple, il répond à sa mère  » Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ?  » (Luc 2, 49). Il est probable que plusieurs personnes ont connu l’origine de cette conception étonnante. Un vieil enseignant d’exégèse de Lille dit qu’on en voit la trace dans la réplique de juifs à Jésus lorsqu’ils lui disent, dans une polémique sur son père:  « Nous ne sommes pas nés de la prostitution ! » (Jn 8, 41). Jésus était donc d’autant plus attentif à trouver une sortie pour cette femme qu’on lui demandait de condamner. Il avait tout ce poids sur les épaules, lorsque penché au sol, il remuait les doigts dans le sable pour trouver une solution.

 

Joseph

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